Burano, entre maisons colorées et tradition

Centre historique de l’île de Burano, la place Galuppi abrite d’importants monuments : l’église de San Martino avec son clocher tordu, l’ancienne école des dentelles aujourd’hui musée et le petit oratoire de Santa Barbara. Ce petit oratoire est célèbre pour être jumelé à une église de New York et abrite les restes de la sainte patronne des pompiers. Au centre de la place se dresse le tronc porte-drapeau, obtenu à partir de l’arbre maître d’un navire vénitien. Sur le côté de l’étendard, on peut admirer un puits en pierre d’Istrie avec un lion sur le côté, qui servait à recueillir et filtrer l’eau de pluie avant l’inauguration de l’aqueduc d’eau potable en 1931. Plus à droite se dresse le monument à Baldassarre Galuppi, compositeur et organiste né à Burano en 1706.

Fondée en 959 après JC par une communauté monastique bénédictine féminine et reconstruite à plusieurs reprises, l’église de San Martino Vescovo est la plus importante de Burano et aujourd’hui aussi la seule qui reste. Située sur la Place Galuppi, elle conserve à l’intérieur des œuvres d’art précieuses, dont la Crucifixion de Giambattista Tiepolo, datée vers 1725, commandée par le pharmacien de l’époque. On raconte que le peintre s’est peint lui-même à la droite de la croix, pour laisser une marque dans l’histoire. L’église conserve également les reliques de trois saints, Sant’Albano, San Domenico et Sant’Orso, ainsi que la Nativité d’Andrea Fortebasso et une statue de la Vierge qui serait miraculeuse. 

Unique sur l’île, le Campanile de Burano est réputé pour être tordu. Aujourd’hui, il se présente en effet à la vue inclinée de 1 m 85 par rapport à son barycentre. Lorsqu’il a été construit en 959, il n’était pas tordu, mais il l’est devenu après quelques restaurations, car le sol argileux n’a pas résisté à son nouveau poids et a cédé. Au sommet se dressait un ange en bois doré, renversé en 1872 par un fort vent. La croix actuelle a été placée en 1929. 

Le Campo della Pescheria fut le siège du marché aux poissons jusqu’en 1995. Ouvert à la fin des années 1800, il représentait le rendez-vous quotidien de milliers d’habitants. Les tables blanches en pierre d’Istrie et en fer témoignent du glorieux passé de cette poissonnerie, lorsque sur ces bancs se déversaient des paniers remplis de poisson frais. Aujourd’hui, les étals sont utilisés trois jours par semaine pour le marché aux fruits et légumes, tandis que le marché aux poissons a déménagé dans un magasin moderne à proximité.

La Cour de la Comare est l’une des plus grandes et des plus colorées de Burano. Les habitants de l’île appellent cet endroit « Espagnera », qui en dialecte local signifie « luzerne », peut-être en référence au grand espace herbeux encore visible sur la gauche. Curieuse dans ce lieu est la coloration de certaines maisons, avec des tons vifs qui se chevauchent les uns les autres, marquant les limites de chaque famille avec précision. 

Le long pont en bois qui relie Burano à Mazzorbo depuis 1650 est affectueusement appelé par les habitants « el ponte longo » (le pont long en français) et permet de rejoindre à pied et pas seulement en bateau l’île de Mazzorbo, où se pratique encore aujourd’hui l’agriculture. Dans le passé, Mayurbium était une grande ville, mais aujourd’hui, peu de gens y vivent. Abandonnée avec Torcello en 1600, Mazzorbo renaît ces dernières années grâce à l’initiative de quelques viticulteurs qui ont redécouvert une ancienne plante de vigne, la Dorona, à partir de laquelle on obtient un vin à la robe dorée. Dans le vignoble, il y a aussi un domaine avec un restaurant étoilé. Mazzorbo est enfin célèbre pour certains palais, anciennes résidences de villégiature des nobles Vénitiens, ainsi que pour la merveilleuse église de Santa Caterina d’Alessandria. 

Ici vivait jusqu’en 2004 le Buranello le plus illustre de tous les temps: Remigio Barbaro da Burano, surnommé « Le Professeur ». Sculpteur estimé, il était un fils de pêcheur solitaire avec une passion pour l’art. Il ne voulut jamais s’éloigner de Burano, mais exposa plusieurs fois à la Biennale de Venise. franciscain par choix, il vécut toute sa vie en toute simplicité en compagnie de sa femme. À sa mort, la maison fut donnée aux Beaux-Arts et deviendra vite un musée. Ici, vous pouvez déjà admirer le jardin orné d’œuvres d’art et l’inscription « Laudato Sie O Mi Signore » qui longe tout le périmètre. Les œuvres de Remigio sont présentes dans divers endroits de l’île de Burano, de Venise et des îles environnantes. 

Nichée dans le labyrinthe de calli et des places, non loin de la rue principale, se trouve la Casa di Bepi, une petite maison colorée, véritable manifeste de l’île de Burano. La façade est entièrement recouverte de figures géométriques aux couleurs vives. Mais la vraie curiosité de cet endroit est que lorsque Giuseppe Toselli, le propriétaire, habitait ici, il avait l’habitude de le repeindre tous les jours en changeant quelques couleurs. 

Bâtiment datant des origines de Burano et ancien siège du gouvernement local, depuis 1872 et pendant 100 ans, ce petit palais aux fenêtres gothiques a été le siège principal de l’École de la Dentelle. Ici, les jeunes élèves pouvaient se rapprocher de la carrière de dentellier. Promue et parrainée par la Reine Marguerite de Savoie, grande amatrice de dentelle de Burano, l’école garantit pour la première fois aux femmes de l’île un travail rémunéré. En 1972, l’école a été fermée et est devenue le Musée de la dentelle.